Episode 7 : Un grand coeur

Episode 7 : Un grand coeur

Alors que Dred et ses amis suivaient Ily dans les rues d’Ancerien, Dred se tourna vers elle afin de mieux la connaître.

Toujours sur la défensive, elle lui répondit sèchement qu’il n’était personne pour elle et que, malgré son air très sympathique, elle ne se confiait jamais comme ça.

Dred, sans insister, se permit de lui dire : « Tu sais, Ily, la vie n’a pas l’air d’avoir été tendre avec toi. » Tout en esquissant un sourire compréhensif, il ajouta : « Je te comprends, je ne sais pas ce que tu as vécu, mais j’ai l’impression sincère que tu en as bavé, et quelque chose en toi me touche. Je ne te demande pas d’en dire plus, mais j’avais besoin de mettre des mots sur mon ressenti, en espérant que tu comprennes ma bonne volonté à ton égard. »

Ily fronça les sourcils et, d’une voix légèrement touchée, lui dit : « Je sais ce que tu essaies de faire. Si tu es sincère dans tes propos, merci, mais pas la peine d’en rajouter. Je n’ai rien à dire. »

Comprenant que le sujet était sensible, Dred changea de sujet et lui demanda si elle avait des hobbies, des choses qui la passionnaient, et avec un immense sourire, il lui demanda si elle avait faim et si elle avait déjà goûté au Théifé.

Ily esquissa un léger gloussement en l’écoutant parler.

Surpris, mais content de la voir sourire, Dred demanda, amusé : « C’est moi qui t’ai fait rire ? Ou ? »

Ily, un petit sourire aux lèvres, répondit : « Oui, c’est toi. Tu ne penses qu’à manger. »

Dred répondit : « Je n’ai rien avalé depuis hier soir, et là j’ai vraiment faim ! » Tout en souriant, il ajouta à nouveau : « Tu n’as pas vraiment répondu à ma question. Tu n’as pas faim ? Tu as peut-être déjà déjeuné ? Et le Théifé, tu connais ? »

Amusée, Ily se prêta au jeu et lui répondit : « J’ai grignoté ce matin, et du quoi ? »

Dred, heureux d’avoir une réponse différente, mais un peu étonné, répondit : « Le Théifé, c’est un délice ! Je ne connais pas la recette exacte, mais c’est trop bon. » Tout en commençant à saliver, il ajouta : « Écoute, une fois que nous aurons ramené le petit chez lui, je t’invite à venir le goûter avec nous si tu veux. Je paye ma tournée. »

Ily le remercia pour l’invitation, mais précisa qu’elle n’avait pas l’habitude de se faire inviter.

Dred insista gentiment, lui faisant comprendre qu’elle devait venir prendre le petit-déjeuner avec eux.

Alors que les deux débattaient pour savoir si elle allait se faire inviter ou non, le petit garçon dit : « Là-bas, ce sont mes parents. »

Un court sourire apparut sur les visages, mais celui-ci se transforma en une forme de tristesse en l’espace de quelques secondes.

Le petit garçon descendit des bras d’Ily et courut vers sa mère. Une fois dans ses bras, tout content, il sortit un sac de son veston et dit : « Maman, j’ai trouvé les médicaments pour papa. »

L’horreur se peignit sur le visage du garçon quand sa mère sortit la fiole où devait se trouver le médicament. Il n’y avait plus une goutte, et la fiole était fendue.

Alors qu’Ily et Dred s’approchaient, la mère les remercia d’avoir ramené son petit garçon.

En pleurs, le petit garçon, désespéré d’avoir échoué, dit : « Maman, je suis désolé, c’est ce monsieur, il m’a… » Puis, hurlant presque de désespoir, il ajouta : « C’est elle qui m’a sauvé. »

Dred prit la parole, s’excusa auprès de la mère et d’Ily, puis, sans prévenir, s’en alla avec Heleyia et Lion.

Ily n’eut même pas le temps de dire quoi que ce soit. Seule une pensée traversa son esprit : « Quel salaud, toujours à fuir devant l’adversité.« 

Profondément touchée par les pleurs du petit et face à la situation, Ily dit : « Je suis désolée, je vais essayer de trouver une solution. » La larme à l’œil, elle ajouta : « Ne t’inquiète pas, petit, je vais aller trouver ce médicament. »

Ily parcourut la ville à la recherche du médicament, réalisant qu’elle avait sous-estimé la tâche. « Il faut croire que c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît, se disait-elle. » Après avoir tourné dans tout Ancerien pendant ce qui lui paru des heures, elle décida de revenir demander au petit garçon où il avait trouvé le médicament.

En arrivant sur place, Ily fut surprise de voir Dred et ses amis de l’autre côté de la rue, traînant dans les parages, prenant un verre d’eau comme si de rien n’était.

Dred la vit de loin et lui fit un signe avec un grand sourire.

Ily, prise par une colère qu’elle ne put à peine se contrôler, lui envoya un coup de poing en arrivant à sa hauteur.

Heleyia et Lion restèrent sans voix.

Ily se dépêcha ensuite d’aller voir le petit garçon pour lui demander où il avait trouvé le médicament.

Arrivée près de lui, le petit garçon lui demanda pourquoi elle avait frappé le jeune homme.

Ily répondit : « Ce n’est qu’un lâche, et ça m’énervait de le voir flâner à côté alors que… »

Le petit garçon la coupa en la prenant dans ses bras et dit : « Tu sais, peu de temps après ton départ, il est revenu. »

La mère, ayant vu la scène, ajouta à son tour : « Je croyais que c’était votre ami. En tout cas, je le remercie infiniment. Sans lui, mon fils n’aurait peut-être plus eu de père. »

Ily, surprise, ne comprenait pas et dit : « Je ne suis pas sûre de comprendre… Il est parti, puis revenu ? J’ai fait le tour de la ville et je n’ai rien trouvé. Je suis désolée. »

La mère sourit et dit : « Je vous remercie pour votre gentillesse et bienveillance, mais le jeune homme, Dred je crois, vous devriez aller le voir et vous excuser. Il vient quand même de sauver notre famille. »

Ily, perplexe, tourna la tête et vit deux fioles toutes neuves du médicament.

Elle regarda la mère et l’enfant et leur dit : « Vous avez raison, j’espère que tout ira bien pour vous. »

La mère hocha la tête avec approbation, et le petit garçon lui fit un câlin.

Ily se dirigea vers Dred d’un air menaçant. Arrivée presque à sa hauteur, Dred, voyant la main d’Ily se diriger vers lui, protégea son visage.

Ily lui tendit la main et dit : « Je suis désolée pour ce que j’ai pensé et fait. Merci. Il reste donc des gens bien dans ce monde. »

Dred lui serra la main et répondit en souriant : « Tu as une sacrée droite, j’ai bien cru que tu venais m’en remettre une autre. » Puis, avec un sourire, il ajouta : « Bon, j’ai assez attendu. Tu viens prendre un Théifé avec nous ? J’ai faim, et je pense que je ne suis pas le seul. En plus, j’ai vu l’endroit idéal pour aller prendre le petit-déjeuner. »

Un sourire se dessina sur le visage d’Ily, et elle répondit : « Bon d’accord, allons prendre un petit-déjeuner. Et puis bon, ça ne m’engage à rien. »

Dred, tout sourire, ajouta : « C’est vrai, mais tu sais ce que dit le proverbe : l’essayer c’est… » Il fut coupé dans son élan par les bruits de son ventre et, se pliant en deux, ajouta : « Là, il faut vraiment que je mange. »

Tout le monde éclata de rire et se mit en route pour enfin prendre un petit-déjeuner.

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