(HS) Episode spéciale noël 2024 : Un premier noël pour Heleyia
Noël approche dans le monde d’Haedillya, et pour l’occasion, Dred et ses amis organisent en secret une fête de Noël pour Heleyia.
Alors qu’Ily a la lourde tâche d’occuper Heleyia avec Drya, Dred, Lion, et même Corim se mettent à l’ouvrage pour préparer la première et la plus belle fête de Noël qu’Heleyia ait jamais connue.
Dred commence par décorer le logement où ils résident depuis leur arrivée en Corolin. Pendant ce temps, Lion part faire quelques emplettes : guirlandes, boules de neige et, surtout, une magnifique étoile d’un jaune doré. Corim, de son côté, se rend dans la forêt à la recherche du plus beau sapin qu’il puisse rapporter.
De leur côté, Ily et Drya expliquent à Heleyia, autour d’un délicieux chocolat chaud, le concept de Noël.
Ily commence, sa voix empreinte de douceur et de mélancolie :
“Pour moi, Noël a toujours eu plusieurs formes, plusieurs visages. Je me souviens de ces années à l’orphelinat, où Noël était un jour comme un autre, mais teinté de rêves et de promesses. Le matin de Noël, chacun d’entre nous ouvrait ses cadeaux, le cœur plein d’espoirs. On espérait, on rêvait que ce soit l’année où l’un de nous serait adopté, où on trouverait enfin une famille. C’était magique et triste à la fois, parce qu’au fond, on savait qu’il y avait quelque chose de plus profond que tout ça. Mais Noël, ce n’est pas que ça.
Noël, c’est aussi ces moments où, malgré tout ce que l’on attend, tu réalises que ce qui compte vraiment, c’est d’être entouré de ceux que tu aimes. Partager un repas chaud, tordre les douleurs du passé dans les éclats de rire et les souvenirs. Noël, ce n’est pas juste des cadeaux sous le sapin ou des rêves de famille. C’est avant tout l’esprit de partage, l’esprit de connexion, celui qui unit les âmes et réchauffe les cœurs. C’est un soir où, même les plus solitaires, peuvent sentir la chaleur humaine et retrouver un peu de lumière.”
Drya, le regard pensif, ajoute avec une pointe de nostalgie :
“Je suis d’accord avec toi, Ily. Noël, c’est vraiment ce moment unique où on se réunit et où, même si tout va mal, il y a une joie qui nous rassemble. Avec Dred, nos Noëls, avant le départ de nos parents, étaient comme des contes de fées. La maison scintillait de mille lumières. Papa adorait se surpasser pour ce concours de la plus belle décoration, qu’elle soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Les guirlandes brillaient jusque dans le jardin, et les voisins venaient admirer son travail, émerveillés.
Quand nos parents sont partis… eh bien, Dred a pris le relais, sans jamais se plaindre. Il décorait la maison avec le même soin, préparait des repas qu’on n’oublierait pas, et trouvait toujours un moyen de maintenir cette magie. Il faisait tout pour que, malgré l’absence, Noël reste un moment hors du temps.
Je me souviens d’une année en particulier. On avait décidé, pour la première fois, de suivre la tradition classique : laisser du lait et une carotte pour l’homme des cadeaux. J’étais persuadée que c’était une idée absurde, mais Dred avait insisté. ‘On ne sait jamais, Drya, ça coûte rien d’essayer.’ Le lendemain matin, en descendant, j’ai découvert le bol de lait vide et la carotte disparue. J’étais sidérée. Dred, avec son air complice, m’avait dit : ‘Tu vois ? Noël, c’est aussi croire en ce qu’on ne peut pas expliquer.’
Ce moment… il est gravé en moi. Parce que ce n’était pas juste une carotte ou un bol de lait. C’était Dred, encore une fois, qui trouvait une façon de me faire rêver, même quand je n’y croyais plus.”
Pendant qu’elles échangent sur la magie de Noël, Dred, Lion, et Corim, rejoints par Franck, s’affairent à habiller leur logement de haut en bas. Dred prend le temps d’expliquer à Lion, Corim, et Franck comment il s’arrangeait chaque année pour que sa petite sœur vive Noël comme si c’était la première fois, avec émerveillement.
Dred prend la parole, ses yeux perdus dans un souvenir lointain :
“J’ai passé des heures à observer nos parents se préparer pour Noël, à chaque détail, chaque geste. Ils y mettaient un soin infini : les décorations qui ornaient la maison, les repas préparés avec une attention méticuleuse, et même les cadeaux, soigneusement choisis, enveloppés avec soin, chacun portant un petit morceau de leur amour. Je me souviens d’une année en particulier… Nos parents nous avaient emmenés dehors, comme pour nous offrir une nuit de liberté sous les étoiles. À notre retour, bien après minuit, la maison semblait différente, comme enveloppée dans un mystère. Autour du sapin, il y avait des traces de pas fraîches dans la neige, et sous ses branches, un océan de cadeaux. C’était comme si, en un instant, la magie de Noël avait pris vie, et nous avions été les témoins d’un secret merveilleux. »
Lion partage à son tour un souvenir profondément gravé dans sa mémoire :
“Je me rappelle d’une année particulière, celle où mes grands-parents étaient avec nous. La maison semblait plus vivante que jamais. Mon père, un verre à la main, discutait avec mon grand-père, leurs rires résonnant doucement dans la pièce. Pendant ce temps, ma mère et ma grand-mère s’affairaient en cuisine. L’odeur du repas en préparation flottait dans l’air, mêlant épices et douceur, emplissant chaque recoin de la maison d’un parfum réconfortant.
Cette année-là, mon père m’a autorisé à veiller un peu plus tard que d’habitude. C’était comme un privilège, un petit moment où je me sentais presque adulte à ses yeux. Puis, il m’a tendu un cadeau bien particulier : cette bague, celle qui peut se transformer en dague. Il me l’a remise avec sérieux, ses yeux brillants d’une fierté que je n’oublierai jamais. ‘Un jour, cette bague t’aidera à devenir plus fort, Lion,’ m’a-t-il dit.
Je n’avais que des rêves plein la tête, mais je sentais que ce moment était spécial, presque sacré. Le lendemain matin, un autre cadeau m’attendait sous le sapin. Pourtant, aussi beau qu’il ait pu être, rien n’égalerait l’émotion que j’avais ressentie la veille. Ce mélange de fierté, d’amour et de transmission… Depuis, je n’ai jamais retrouvé cette intensité-là.”
Corim, tout en riant, se replonge dans ses souvenirs :
“Je me revois, petit garçon, marchant dans la neige aux côtés de mon père. Il avait cette façon bien à lui de m’apprendre la vie, toujours avec des mots simples mais lourds de sens. Cette fois-là, il m’expliquait comment devenir le plus fort. Chaque année, c’était notre rituel : partir dans la forêt pour choisir un sapin (Le sapin). Mais ce n’était pas juste une question de taille ou d’apparence, non. Il devait être robuste, disait-il, et il fallait le ‘ressentir’.
On arpentait les bois, de sapin en sapin, touchant leurs branches, écoutant presque leur silence. Parfois, il s’arrêtait brusquement, fermait les yeux et posait la main sur un tronc, comme pour capter une vibration. Et cette année-là, il s’est tourné vers moi et m’a demandé avec sérieux : ‘Fils, tu l’as senti ?’ Je n’étais qu’un gamin, mais je voulais tellement le rendre fier. Alors j’ai fermé les yeux, fait comme lui, et j’ai répondu : ‘Oui, Père.’
C’est là qu’il m’a tendu la hache, cet outil qu’il tenait comme un prolongement de lui-même. Il m’a appris à la manier avec ‘patience’, sa grosse main posée sur la mienne pour guider mon geste. ‘Tape, Corim, tape ! Tu vas y arriver, fils !’ Sa voix résonnait comme un encouragement, mais aussi comme une promesse : celle que j’étais capable de réussir.
Ce jour-là, malgré mes bras encore frêles, j’ai coupé mon premier sapin. Les mains pleines de sang, mais la fierté que j’ai ressentie en ramenant cet arbre à la maison, avec mon père qui me souriait pour la première fois comme s’il voyait un homme en moi… Je m’en souviendrai toujours.” Puis, soudainement, une larme commença à se former dans le creux de son œil. Il dit, comme un sursaut grondant : “Taper”, puis ajouta simplement : “Je vais aller chercher le sapin”.
Franck, emporté par l’ambiance chaleureuse, décide de lui aussi ce livré à son tour à l’exercice d’un souvenir marquant, teinté d’émotion :
“Je me souviens d’un Noël pas comme les autres. À l’époque, je vivais dans la rue, faisant la manche pour essayer de survivre. Ce soir-là, il faisait froid, et la solitude semblait encore plus lourde à porter. Tandis que les passants défilaient, pressés de rejoindre leurs foyers, un homme s’est arrêté devant moi. Il m’a regardé, pas avec pitié, mais avec une gentillesse désarmante. Il m’a demandé : ‘Tu es tout seul pour Noël ? Si tu veux, viens chez nous.’
J’étais méfiant, habitué à me débrouiller seul, alors je lui ai répondu que Noël était une fête idiote et que ça ne valait pas la peine. Il n’a pas insisté, mais il m’a simplement dit : ‘D’accord, mais laisse-moi au moins t’offrir un bon repas.’ J’ai fini par accepter, poussé par la faim et peut-être un peu par l’envie d’un moment de chaleur.
Avant de partir, il m’a tendu un sac avec quelques vêtements chauds et assez de Cecetairzes pour vivre quelques temps. Il m’a regardé droit dans les yeux et a ajouté : ‘Personne ne devrait être seul dehors à Noël, surtout pas un enfant.’ Ces mots m’ont touché d’une façon que je n’aurais jamais cru possible. Cet homme, je ne connais même pas son nom, mais il a été le premier à me voir, à me considérer comme un être humain et non comme une ombre sur un trottoir.
Je ne l’ai jamais oublié. Grâce à lui, ce Noël-là n’a pas été qu’un jour de plus à survivre, mais un moment où, pour la première fois depuis longtemps, j’ai ressenti un peu d’espoir.”
Alors que le travail avançait bien du côté de Dred et des autres, du côté d’Ily, les choses se compliquaient. Heleyia, malgré l’excellent moment qu’elle passait, commençait à se demander pourquoi le groupe ne se rejoignait pas. Drya et Ily tentaient de lui expliquer qu’elles passaient une journée entre filles, mais Heleyia, candide, leur dit :
« Je croyais qu’aujourd’hui, c’était Noël et que Noël se passait en famille. Et Dred, Lion, Corim, vous êtes ma famille. Alors, on ne devrait pas se réunir ? »
Puis, elle se mit à marmonner :
« Ce n’est pas normal… Elles veulent me séparer de Dred… C’est un piège… c’est bizarre. »
Ily tenta de la rassurer :
« Heleyia, tu ne passes pas un bon moment avec nous ? »
Elle essaya ensuite un petit bluff, espérant qu’elle morde à l’hameçon :
« Si tu t’ennuies avec nous, on peut te ramener auprès des garçons, et Drya et moi continurons notre journée entre fille. »
Elle lança un regard à Drya, cherchant du soutien.
Drya, amusée, éclata de rire et répondit :
« Heleyia… »
Prenant une voix dramatique, bien qu’elle ne puisse s’empêcher de pouffer, elle ajouta :
« La vérité, c’est que nous voulons te capturer, pour t’éloigner de Dred. C’est mon frère, et je le veux pour moi, pour Noël. »
Heleyia, ne voyant pas l’humour dans les paroles de Drya, commença à générer des boules de feu.
« Je vous préviens, je vais m’énerver ! » lança-t-elle avant de fondre en larmes.
Drya et Ily, touchées, la prirent dans leurs bras.
Drya lui dit doucement :
« Je plaisante, je t’ai entendue marmonner quelque chose, et je voulais juste te taquiner. Pardon, je n’aurais pas dû. »
Elle proposa :
« On fait encore quelques trucs entre filles, et après, on ira retrouver Dred et les autres. Ça te va ? »
Entre deux sanglots et éclats de rire, Heleyia répondit frénétiquement :
« D’a… accord… Mais… prooo… promis, on va… reTOURner voir Dred, d’accord ? »
Ily et Drya, émues par sa réaction, la serrèrent encore plus fort dans leurs bras et dirent en chœur :
« Promis. »
Pendant ce temps, du côté de Dred et des autres, c’était le branle-bas de combat. Dred, à fond sur la déco, était épaulé par Franck, tandis que Lion et Corim s’occupaient de préparer le repas du soir, qui approchait à grands pas.
Alors que les derniers préparatifs se mettaient en place de chaque côté, Dred disparut un instant. Drya, de son côté, fit de même. Ils s’assurèrent que tout était prêt pour la phase finale. Drya confirma qu’il ne restait plus qu’à retrouver Celeste, qui devait arriver d’ici une heure.
Dred vérifia tout : la décoration du sapin, les plats, les sauces, jusqu’aux lumières extérieures, qu’il éteignit ensuite.
Juste avant qu’Ily, Heleyia, Drya et Celeste n’arrivent, Dred ouvrit la lettre reçue plus tôt dans la journée, en provenance de Nyrui. Il la lut attentivement, et les mots qui y figuraient résonnèrent en lui :
Mon cher ami,
Je sais ce que tu penses : encore une année où je ne peux pas être présent pour Noël. C’est toujours la même histoire avec lui.
Mais sache que même si je ne suis pas là, mon cœur t’accompagne.
Souhaite un joyeux Noël à tout le monde, et particulièrement à Drya.
J’espère que la surprise pour Heleyia lui plaira, venant de toi, je n’en doute pas.
Ne t’inquiète pas pour moi, là où je suis, je célébrerai Noël avec vous, en méditant.
J’espère avoir bientôt l’occasion de te revoir.
Ps : Force à toi, et que la paix règne autour de toi.
Nyrui
Profondément touché par ces mots, Dred garda précieusement la lettre contre son cœur, un sentiment de gratitude et de mélancolie l’envahissant.
Puis le signal était donné.
Ily, Drya, Celeste, et Heleyia se tenaient devant la maison. Dred et les autres sortirent. Au moment où il ouvrit la porte, Dred ralluma les lumières et tout le monde cria en chœur :
« Surpriiiiiise, Heleyiaaaaa ! »
Heleyia explosa de joie, se mettant à courir partout en criant des choses incompréhensibles.
Dred invita tout le monde à entrer. Il attrapa Drya au passage pour la remercier et lui demanda :
« Tu ne l’as pas trop chamboulée, hein ? »
Elle rit et répondit :
« Si, désolée, une blague l’a contrariée. Elle tient beaucoup à toi, tu sais. Mais t’inquiète, avec Ily, on a géré. »
Dred remercia tout le monde pour leur aide. La fête de Noël pouvait commencer.
Tous, sans exception, se laissèrent emporter par la magie de Noël : les rires fusaient, les chants résonnaient à tue-tête comme un chœur improvisé, et les jeux s’enchaînaient, mêlant éclats de voix et complicités. Le repas, quant à lui, était un véritable festin digne des plus grands banquets. Foie gras fondant, huîtres fraîches, escargots savoureux, dinde dorée à souhait, et une multitude d’autres délices garnissaient la table, chacun y trouvant son bonheur. Les odeurs gourmandes emplissaient la pièce, enveloppant les convives d’une chaleur réconfortante qui contrastait avec la froideur de l’hiver au-dehors.
Puis, ce fut l’heure tant attendue des cadeaux. L’excitation montait dans la pièce à mesure que chacun s’avançait pour découvrir son trésor soigneusement emballé. Les éclats de papier déchiré se mêlaient aux exclamations de joie, quand soudain, un bruit sourd résonna de l’extérieur. Intrigués, tous se figèrent. En jetant un œil par la fenêtre, ils remarquèrent que le lait laissé pour l’homme au cadeau avait bel et bien été bu, la carotte croquée jusqu’à la racine, et, dans le ciel scintillant de neige, une étrange traînée lumineuse dessinait un chemin mystérieux parmi les étoiles.
Heleyia, les larmes aux yeux, se leva et, dans un rare moment de lucidité, déclara :
« Merci à tous. Maintenant, Noël sera gravé dans ma mémoire à jamais. »
Puis, s’effondrant en larmes, elle se jeta dans les bras de Dred et lui dit :
« Merci pour tout. »
Tous versèrent une petite larme, et la soirée se termina joyeusement, chacun profitant de chaque instant magique.