Alors que le groupe, épuisé par cette montée étouffante, tentait de reprendre son souffle, un bruit sourd se faisait entendre dans l’obscurité. Il gagnait en intensité, se mêlant à des grognements gutturaux et au frottement sourd de mouvements lourds.
Dred, le regard aiguisé par la tension, rappela au groupe les dernières consignes en cas d’attaque. Heleyia, en retrait, tendit la main et fit apparaître une petite boule de feu qui vacilla un instant avant de projeter une lueur dans l’obscurité oppressante.
La lumière révéla deux silhouettes.
L’une d’elles, massive, avançait à quatre pattes. Sa peau semblait osciller entre l’ombre et la matière, comme si elle hésitait entre l’existence et le néant. Une présence irréelle, inquiétante, presque surnaturelle. Dred sentit un frisson parcourir son échine. “Non… C’était impossible” ce dit t’il. Pourtant, il savait que son regard ne lui jouait pas de tour. Cette silhouette correspondait à la description d’une créature de légende, le purgarste.
Mais à ses côtés, une autre figure s’imposait. Un homme, grand, impassible, avançait d’un pas assuré, sans la moindre hésitation malgré l’obscurité.
Le groupe se tendit, prêt à réagir. Chaque muscle crispé, chaque souffle retenu.
Lentement, la créature s’extirpa des ténèbres, dévoilant son apparence sous la lumière vacillante de la flamme.
Son visage était marqué de cicatrices fines, à peine visibles, témoignant probablement d’anciens combats. Ses yeux, d’un gris métallique, semblaient sonder l’âme, capables de percer les illusions les plus denses. Son aura écrasante fit frissonner Corim, qui recula d’un pas instinctivement.
Puis, dans un grondement sourd, la créature dévoila ses crocs, prête à bondir.
Mais avant qu’elle ne passe à l’action, l’homme ouvrit la bouche et, d’une voix imposante, lança :
« Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? »
Dred, bien qu’impressionné par la présence imposante de l’homme et de la créature, s’avança d’un pas assuré. Il afficha un sourire enjoué, mais dans son regard brillait une lueur de prudence.
« Enchanté, je m’appelle Dred et voici mes amis. Et vous, comment vous appelez-vous ? » demanda-t-il d’un ton détendu, tout en gardant à l’esprit que cet individu n’était sûrement pas ici par hasard. Puis, sans perdre de temps, il ajouta :
« D’ailleurs, je vous retourne la question. Nous sommes ici à la recherche d’un artefact pour aider mon amie. Nous avions entendu dire que cette montagne était non seulement dangereuse, mais qu’il n’y avait pas âme qui vive. Alors… Que faites-vous ici ? »
L’homme l’observa un instant, son regard acéré semblant peser chaque mot prononcé. Puis, un léger sourire flotta sur ses lèvres, teinté d’une étrange ironie.
« Je vois », répondit-il d’un ton intrigué. Il laissa planer un silence avant d’ajouter :
« Pour vous, je serai le Maître. Et maintenant, pouvez-vous m’en dire plus sur votre amie et l’intérêt que vous portez à cet artefact ? »
Dred marqua une pause. Son attitude enjouée s’effaça, laissant place à un calme profond et à une concentration absolue.
« Avant de vous répondre, j’ai deux questions », déclara-t-il, son ton plus grave. Il croisa les bras et fixa l’homme avec intensité.
« À vous d’y répondre, sinon notre conversation en restera là. »
Un silence pesant s’installa. Puis Dred fronça les sourcils et demanda :
« Connaissez-vous un dénommé Imanal ? Ou même El’ric ? »
Sans attendre, il sortit une photo de famille et la tendit.
L’homme arqua un sourcil, avant qu’un sourire fugace n’effleure ses lèvres. Un sourire trop rapide pour être sincère.
« Pour l’homme sur la photo, oui… mais pas ici et ni sous ce nom », répondit-il avec une pointe d’énigme.
« Quant à l’autre… » Il sembla chercher dans sa mémoire, ses traits se crispant légèrement. « Son nom me dit quelque chose, mais… c’est vague. »
Il resta silencieux un instant, plongé dans une réflexion profonde. Puis, son regard se durcit légèrement.
« Je me souviens. Il est passé ici… et m’a confié ceci. »
D’un geste mesuré, il plongea une main dans sa tenue et en sortit un objet ancien : une montre à gousset, son cadran figé à seize heures cinquante-huit.
« Il m’a dit qu’un jour, cet objet devra être rendu et qu’il servira une noble cause. Je l’ai gardé tout ce temps… sans jamais comprendre ce que c’est. »
Dred posa les yeux sur la montre et, aussitôt, un frisson glacé parcourut son échine. Une sensation étrange s’empara de lui. Un mélange d’attirance et de malaise.
Son souffle se coupa. Ses jambes devinrent soudainement lourdes, vacillantes.
Il aurait chuté si Ily, l’ayant vu pâlir, ne s’était pas précipité pour le soutenir.
Alors que la créature changeait brusquement d’attitude, elle se mit à grogner, puis fonça droit sur Dred, ses griffes raclant le sol avec une férocité démesurée.
Le groupe réagit immédiatement, prêt à défendre leur ami, mais avant que quiconque ne puisse bouger, un claquement de doigts retentit.
L’homme n’avait pas même cillé.
Aussitôt, la créature s’arrêta net dans son élan, figée comme si une force invisible venait de l’entraver. Son regard bestial restait cependant rivé sur Dred, empli d’une inquiétante intensité.
Pendant ce temps, le corps de Dred continuait de s’affaiblir.
Ily, le soutenant, elle paniqua en sentant sa peau devenir glaciale sous ses doigts.
« Dred, qu’est-ce qui t’arrive ?! » lança-t-elle d’une voix tendue.
Elle se tourna aussitôt vers Heleyia.
« Heleyia, viens m’aider ! Dred se refroidit de plus en plus, son souffle faiblit ! »
Les autres s’étaient rapprochés, l’inquiétude gravée sur leurs visages.
L’homme, silencieux jusqu’ici, observa la scène sans esquisser le moindre mouvement. Puis, d’un ton posé, il déclara :
« Vous permettez ? Je peux essayer de l’aider. »
La réponse fut immédiate et unanime :
« Non. »
Mais l’état de Dred empirait rapidement. Ses paupières tremblaient, ses muscles se contractaient par à-coups, comme s’il livrait un combat intérieur.
Puis, soudain, Lion, qui n’avait cessé d’observer la photo dans la main crispée de Dred, tressaillit.
Son regard se figea sur un détail qu’il n’avait pas remarqué auparavant.
La montre.
L’homme avait exactement la même montre que celle que le père de Dred avait d’attachée à sa ceinture sur la photo.
Il releva les yeux, déglutit difficilement et murmura : « Ce n’est pas possible… »
Son regard balaya le groupe, puis se posa sur Ily.
« Écoutez-moi… Je crois que cette montre a un lien direct avec Dred. Je ne sais pas comment, mais si cet homme dit la vérité, alors il est peut-être notre seule chance. »
Ily serra les dents. Son instinct lui hurlait de ne pas faire confiance à cet étranger.
Mais elle n’avait pas le choix.
Elle se redressa, toujours positionnée entre Dred et l’homme, et lança d’une voix tranchante :
« Approchez… Mais si vous lui faites le moindre mal, votre créature ne sera pas assez puissante pour vous protéger. »
L’homme sourit légèrement, puis, d’un geste lent et fluide, il caressa la créature à ses côtés. Aussitôt, celle-ci se détendit, puis s’allongea lourdement sur le sol, sombrant dans un profond sommeil.
Sans un mot de plus, il s’avança vers Dred.
Son regard était indéchiffrable, un mélange de concentration et d’une étrange fascination.
Lorsqu’il posa sa main sur le front de Dred, une onde glaciale parcourut son corps. Puis, sans hésitation, il prit la montre et la plaça dans la paume du jeune homme.
À cet instant, il murmura quelques mots dans une langue oubliée.
Le silence tomba.
Les flammes créées par Heleyia vacillèrent légèrement, comme sous l’effet d’une brise inexistante.
Puis, un éclat fulgurant illumina les yeux de Dred. Un instant d’une intensité surnaturelle.
Puis plus rien.
Son corps s’affaissa entièrement.
Sans souffle.
Sans réaction.
Inerte.
Le silence s’épaissit, chaque seconde s’étirant comme une éternité.
Tous avaient les yeux rivés sur le corps inerte de Dred.
Puis, un frisson parcourut l’air.
D’un coup, son dos se cambra violemment le relevant. Ses yeux s’ouvrirent, emplis d’un éclat incandescent.
Il poussa un hurlement si puissant qu’il fit trembler la montagne tout entière.
Un cri primal, irréel.
Les oiseaux nichés plus loin s’envolèrent en masse. Même la terre semblait vibrer sous l’intensité de son cri.
Puis, un silence de mort.
Tous, figés, fixaient Dred comme s’il venait de renaître sous leurs yeux.
Dred les balaya du regard, intrigué par leurs expressions tétanisées. Puis, affichant un sourire déconcerté, il lança : « Bah alors ? On dirait que vous avez vu un fantôme… Qu’est-ce qui se passe ? »
Personne ne répondit immédiatement.
Heleyia, les yeux baignés de larmes, fondit sur lui et l’enlaça violemment.
Son corps tremblait contre le sien. Entre deux sanglots, elle balbutia : « J’ai bien cru te perdre… »
Dred resserra doucement ses bras autour d’elle, un sourire attendri aux lèvres. « Ne t’inquiète pas, je vais bien… même très bien. »
Il posa sa main sur sa tête et caressa doucement ses cheveux, tentant de calmer son flot d’émotion.
Mais si l’émotion de Heleyia réchauffait l’atmosphère, Ily et Lion n’avaient pas perdu de vue l’essentiel.
D’un même mouvement, ils se retournèrent vers l’homme, l’expression dure.
Ily, les bras croisés, demanda froidement : « Maintenant, des explications. Qu’est-ce que vous venez de lui faire ? »
Lion renchérit, sa voix tendue : « Vous saviez que ça allait se passer comme ça, n’est-ce pas ? »
L’homme, visiblement ébranlé, ouvrit la bouche… mais ce fut Dred qui parla en premier.
Son regard fixé sur l’inconnu, il déclara d’un ton calme mais assuré : « Il faut qu’on parle. J’ai la sensation que vous avez des choses à me dire. »
L’homme déglutit, l’air abasourdi. Il prit quelques secondes avant de répondre, comme s’il avait du mal à accepter ce qui venait de se produire.
Puis, d’une voix grave, il déclara : « Je vais te parler. Et vous pouvez tous écouter. Si tu es ici aujourd’hui… alors il est temps pour moi de tout révéler. »
Le poids de ses mots s’abattit sur eux.
Il les invita d’un geste au coin du feu, où les flammes dansaient doucement, projetant des ombres mouvantes sur la roche.
Alors qu’ils s’installaient, sortant quelques provisions et gourdes, l’homme reprit, son regard perdu dans les flammes : « Vous connaissez l’histoire d’Haedillya… ses contes et légendes ? »
En chœur, tous répondirent : « Oui. »
Un sourire mystérieux étira les lèvres de l’homme. « Alors préparez-vous… car je vais vous révéler bien plus que de simples légendes. »
Un frisson parcourut l’assemblée.
Instinctivement, ils se redressèrent légèrement, captant chaque inflexion de sa voix.
L’homme posa ses coudes sur ses genoux, son regard perçant chacun d’eux.
Puis, lentement, il prononça ces mots : « Ce que vous ne savez pas… c’est que cette perfection renferme bien plus de secrets que vous ne l’imaginez. »
Tous se turent, suspendus à ses lèvres.
L’histoire allait enfin commencer.
L’homme fixa les flammes un instant, comme pour y puiser son courage.
Puis il reprit, sa voix résonnant dans le silence du campement : « Le monde dans lequel nous vivons est une pure création. »
Il laissa planer un silence, scrutant les réactions de ses auditeurs avant de continuer.
« Chaque arbre, chaque montagne, chaque créature… tout ici a été choisi et façonné pour raconter une histoire. Non pas une simple suite d’événements, mais une trame qui englobe chacune de nos vies. »
Il s’interrompit un instant pour boire une gorgée d’eau, comme s’il pesait ses mots.
« Mais ce monde, bien qu’il paraisse parfait, repose sur un équilibre fragile. Il a été construit… et comme toute chose construite, il risque d’être détruit. »
Son regard devint plus grave.
« Peu de temps après la création d’Imperea, qui visait à instaurer la paix et maintenir l’ordre, un groupe nommé les Dalmaticas vit en ce monde une opportunité non pas d’imposer la paix, mais de la bâtir. »
Il marqua une pause, laissant l’information se déposer dans les esprits de ses interlocuteurs.
« Nous avions un rêve. Celui d’un monde où chacun pourrait vivre librement, en harmonie avec son propre destin… et non sous la coupe d’Imperea. Nous avons cru pouvoir apporter cet idéal à Haedillya. »
Il laissa échapper un soupir, et ses traits se durcirent.
« Mais Imperea ne voyait en nous qu’une menace. À leurs yeux, nous étions des menteurs, des ensorceleurs… et peut-être, dans une certaine mesure, nous l’étions. »
Son regard s’assombrit.
« Ils nous ont traqués. Chassés. »
L’homme passa une main lasse sur son visage, comme s’il revivait l’exil de son peuple en cet instant.
« Nos espoirs de coexistence ont été écrasés. Nous avons été contraints de nous cacher, survivant en marge de ce monde que nous avions voulu rendre meilleur. »
Puis, son regard croisa celui de Dred, et un éclat indéfinissable traversa ses yeux.
« Ton père, Dred… faisait partie des nôtres. »
Le silence tomba sur le groupe comme une chape de plomb.
Dred tressaillit.
« Et ta mère… » continua l’homme d’une voix plus douce, « bien que soumise en apparence à Imperea, s’est secrètement rangée à nos côtés. Elle jouait son rôle à la perfection, se pliant aux lois d’Imperea, mais en œuvrant dans l’ombre. Grâce à ton père. »
Un sourire sincère étira ses lèvres.
« Tu portes en toi l’héritage de ces deux forces. »
Dred ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit.
L’homme reprit alors, recentrant son récit :
« Nous avons continué notre combat, loin des regards, hors de portée de la surveillance d’Imperea. Nous avons cultivé notre propre magie dans ce monde… une magie destinée à le protéger, à le préserver. Dans l’attente du jour où nous pourrions enfin sortir de l’ombre et vivre librement. »
Il marqua une pause.
Puis, levant lentement les yeux vers eux, il demanda :
« Avez-vous entendu parler… des enfants de la prophétie ? »
Un frisson parcourut l’assemblée.
Tous hochèrent la tête, le regard plus intense.
Dred prit la parole, rassemblant les fragments d’informations qu’il avait déjà :
« Trois enfants qui, à eux seuls, pourraient faire de ce monde un paradis… ou le détruire. »
Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de l’homme.
« Exactement. »
Son regard se posa sur Dred, l’observant longuement, comme s’il analysait chaque fragment de son être.
Puis il lâcha doucement :
« Je ne sais pas qui sont ces enfants… mais j’ai comme le pressentiment que tu es l’un d’eux, Dred. »
Un frisson glacé lui parcourut l’échine.
Tous le fixèrent, le souffle suspendu.
Dred fronça les sourcils, son cœur battant plus vite.
« Comment pouvez-vous dire ça ? » demanda-t-il, sa voix plus tendue qu’il ne l’aurait voulu.
L’homme ne répondit pas tout de suite.
Il semblait hésiter.
Comme si révéler la vérité allait tout changer.
Comme si, une fois prononcée… il n’y aurait plus de retour en arrière.
L’homme haussa légèrement les épaules avant de répondre d’une voix posée :
« J’en sais absolument rien. C’est un simple pressentiment. »
Il laissa planer un silence, scrutant l’expression de Dred avant d’ajouter :
« Mais la légende parle d’un jeune homme entouré de deux jeunes femmes. Un élu dont la quête pour aider les autres le conduirait à libérer ce monde. »
Son regard se perdit un instant dans les flammes dansantes.
« Le plus troublant, c’est que ton père et ta mère parlaient souvent de cette histoire. »
Il esquissa un sourire énigmatique avant d’ajouter :
« De plus… on raconte que cet élu, bien que d’apparence ordinaire, serait toujours accompagné d’un objet dont la valeur dépasse toute imagination. Mais ce dernier ne révélerait son véritable pouvoir… qu’au moment le plus critique. »
Un silence s’installa, empli de murmures admiratifs.
Les autres, captivés, se tournèrent vers Dred, comme s’ils voyaient en lui la confirmation de la prophétie.
« C’est toi, Dred… Tu es l’enfant de la prophétie. Tu dois l’accepter. »
Les voix s’entremêlaient, pressantes, exaltées.
Mais Dred secoua la tête. Son regard se durcit légèrement.
« Je ne suis pas le seul qui pourrait correspondre à cette description. » Il balaya l’assemblée du regard avant d’ajouter : « Et puis, je ne suis pas seulement entouré de deux femmes, il y a aussi deux hommes avec moi. »
Un rictus lui échappa, amer.
« Et puis, vous me parlez de mes parents… Mais comment puis-je être sûr que vous les avez réellement connus ? Tout ça sonne trop beau, trop lisse. »
Il marqua une pause avant de froncer les sourcils.
« Et qu’est-ce que ça veut dire… ‘révélerait au moment le plus critique’ ? »
Il lâcha un petit rire sarcastique et conclut :
« En tout cas, merci pour ce moment. J’adore sincèrement les histoires. »
Mais l’homme le coupa aussitôt, son ton devenant plus grave :
« Comme quand tu étais petit et que ta mère t’en racontait, n’est-ce pas ? »
Dred sentit son cœur rater un battement.
L’homme continua, implacable :
« Tu as dû entendre des tonnes de légendes sur ta famille… Certaines sont vraies. D’autres, d’une manière malheureusement le sont aussi. »
Son regard se fit plus perçant, transperçant les défenses de Dred comme une lame affûtée.
« Je sais que ton enfance a été dure. »
Dred serra les poings.
« Et je sais aussi que tes parents ont disparu, chacun leur tour. »
Un frisson glacé lui remonta l’échine.
« Mais une chose est certaine… Ton père ne vous a pas abandonnés. »
L’homme laissa cette phrase flotter dans l’air, laissant Dred encaisser l’impact.
« Il est parti en quête pour vous aider. »
Une douleur sourde naquit dans la poitrine du jeune homme.
« Mais il a dû échouer. »
Dred releva les yeux, son souffle coupé.
« Car s’il avait réussi… tu ne serais pas là, devant moi, à douter de tout. »
Son corps tout entier se tendit sous la violence de ces paroles.
Il inspira profondément, tentant de refouler l’orage qui grondait en lui.
Mais l’homme n’avait pas fini.
« Dred Guer… »
Sa voix devint presque douce, comme un murmure.
« Rien n’arrive par hasard dans ce monde. »
Ses mots semblèrent résonner au plus profond de Dred.
« Je ne suis pas ton père… »
Un frisson parcourut la peau de Dred.
« Mais s’il était là, je suis certain qu’il t’encouragerait. Il te dirait que ton chemin est encore long et sinueux… mais que l’avenir te réserve encore tant de surprises. »
Il marqua une pause, puis ajouta doucement :
« Où qu’il soit… je suis sûr qu’il doit être fier de toi. »
Dred sentit quelque chose se briser en lui.
Une douleur brute.
Une colère sourde.
Les larmes lui montèrent aux yeux, mais il refusa de les laisser couler.
Puis, soudain, la grotte trembla.
Un grondement sourd se fit entendre.
Sa respiration rauque emplissait la caverne.
Sa bave dégoulinait sur le sol, un grondement féroce résonnant dans tout la caverne.
Elle était prête à attaquer.
Mais une voix brisa la tension.
« Regardez dehors ! »
Tous se tournèrent vers Heleyia.
Elle pointait du doigt l’ouverture de la grotte.
« Le blizzard s’est calmé. »
Un silence tomba.
Dred reprit lentement son souffle.
L’homme posa alors une main sur son épaule et lui dit calmement :
« Tu es venu chercher un artefact. »
Dred releva la tête, ses yeux encore brillants d’émotion.
À ce moment-là, il répondit : « Oui, je suis à la recherche d’un artefact, dans l’espoir de redonner une apparence humaine à mon amie, Heleyia. »
L’homme hocha la tête et répondit : « Je comprends. Je ne sais pas si tu trouveras exactement ce que tu cherches ici, mais je suis certain que ta noble quête aboutira à une réussite. »
Il esquissa un sourire avant d’ajouter :
« Tu le trouveras dans la montagne d’en face. »
Puis, dans un murmure, il lui confia :
« Voici comment le trouver… »
Et il lui transmit toutes les informations nécessaires, celles qui allaient guider ses pas vers la prochaine étape de son voyage.
Dred s’apprêtait à rassembler tout le monde pour élaborer un plan afin de rejoindre l’endroit décrit. Mais lorsqu’il se retourna pour remercier l’homme, il réalisa avec stupeur que lui et la créature s’étaient volatilisés, comme s’ils n’avaient jamais été là.