Episode 23 : De découverte en découverte !

Episode 23 : De découverte en découverte !

Sur la route qui menait Dred et ses amis vers la ville de Lenn Smeralda, l’atmosphère était toujours aussi joyeuse. Les éclats de rire résonnaient, portés par l’écho des collines environnantes, et l’euphorie des moments passés à Corolin flottait encore dans l’air. Chaque membre du groupe se remémorait avec un sourire des souvenirs récents, comme un trésor collectif qu’ils partageaient silencieusement.

Dred, toujours en tête du groupe, s’arrêta un instant pour attendre les autres, avant de se retourner en marchant à reculons, un large sourire aux lèvres.

Celui-ci dit : “ Ça fait quelques heures qu’on marche, non ? Et… il me semble n’avoir vu aucun garde de l’Empire, ni même un panneau ou quoi que ce soit indiquant qu’on est encore sur une route surveillée. Quelqu’un aurait fait attention ? “

Les autres échangèrent des regards perplexes avant de lui répondre d’un simple hochement de tête négatif. Visiblement, personne n’avait remarqué ce détail.

“Bah”, ajouta Dred avec son enthousiasme habituel : “C’est une belle journée quand même, non ? Les oiseaux chantent, il fait frais mais juste ce qu’il faut, et on a le soleil pour nous accompagner. Que du bonheur, je vous dis ! “

Cette remarque arracha quelques rires à ses compagnons, qui reprirent la route avec une énergie nouvelle. Les jambes légères, l’esprit encore rempli des souvenirs de leurs escapades passées, ils avançaient avec une détermination sereine. Leur cœur, rechargé à bloc, semblait porter leurs pas vers un avenir prometteur, lumineux, presque palpable.

Le chemin serpentait doucement à travers des collines baignées de lumière. Les arbres, encore gorgés de la fraîcheur matinale, laissaient filtrer quelques rayons qui dansaient sur le sol, dessinant des ombres mouvantes autour d’eux. Ils n’étaient qu’une poignée d’amis, mais à cet instant, ils avaient l’impression de dominer le monde, portés par une simple mais puissante certitude : ils avançaient ensemble.

Une première journée s’était écoulée, et la nuit commençait à étendre son manteau sombre sur la route. Le groupe décida de faire halte dans une petite clairière, à l’écart du sentier principal. L’endroit était calme, entouré de grands arbres dont les feuilles bruissaient doucement sous une brise légère. Après avoir monté un campement simple mais fonctionnel, chacun s’attela à ses tâches : rassembler du bois pour le feu, préparer de quoi manger, et surtout, s’assurer que l’atmosphère restait aussi chaleureuse que leur dernière aventure.

Plus tard dans la soirée, le campement baignait dans une lueur orangée, et l’odeur des herbes sèches brûlant dans le feu ajoutait une touche apaisante. Ils s’étaient tous installés autour des flammes vacillantes, le regard perdu dans le spectacle du ciel étoilé. Loin des villes, les étoiles semblaient plus nombreuses, plus brillantes, comme si elles voulaient les accompagner dans ce moment de répit.

C’est alors que Dred, brisant le silence contemplatif, lança : “Vous savez… parfois, j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose de plus grand autour de nous. On dit que le monde est ce qu’il est grâce à des créatures puissantes qui se seraient affrontées pendant des millénaires. Quand on y pense, c’est bizarre, non ? Pourquoi on ne les voit pas ? Et si elles existent vraiment, qu’est-ce qu’elles font ?”

Il s’interrompit un instant, les sourcils froncés, perdu dans ses pensées. Puis il ajouta : “Tellement de questions me traversent l’esprit… et j’ai l’impression qu’elles resteront toutes sans réponse.”

Un silence suivit, mais ce fut Corim qui répondit, sa voix grave résonnant comme un écho : “Là d’où je viens, les anciens racontaient des histoires à ce sujet. Ils disaient que toute création finit par tomber dans la destruction. Un jour, des créatures venues d’un autre monde pourraient apparaître et réduire tout ce qu’on connaît en cendres. Quand le tonnerre gronde, ils croient que c’est la colère des divinités. La pluie ? Une tristesse qui noie la terre.”

Il marqua une pause, comme pour reprendre son souffle, avant de conclure : “Et puis, il y avait cette prophétie… Quand une quête prendra fin, notre destin à tous sera scellé pour toujours. Des infiltrés rôdent parmi nous, cherchant à tout détruire. Ce sera à nous d’être assez forts pour les affronter, le moment venu.”

Un frisson traversa le groupe, mais Dred, fidèle à son optimisme, répondit en riant : “C’est comme ça que les choses sont vues chez toi, Corim ? Honnêtement, plus j’y pense, plus je me dis que toutes ces histoires sont heureusement pour nous des légendes.”

Il éclata de rire avant d’ajouter sur un ton léger : “ Imaginez la galère si ce n’était pas le cas !”

Lion, qui s’était jusque-là contenté d’écouter, intervint à son tour : “Vous savez, moi, les histoires que j’ai entendues sont… différentes. Mais elles avaient un point commun : elles disaient que tant qu’Imperea serait là, la paix régnerait ici.”

Le ton se fit un peu plus sérieux, mais Ily haussa les épaules avant de prendre la parole : “Franchement, je ne me suis jamais vraiment intéressée à tout ça. Mais autour de moi, certains le faisaient, et j’ai entendu des trucs… Ce qui revenait le plus, c’était que notre monde serait une erreur. Un truc qui ne devrait même pas exister.”

Elle fixa les flammes du feu, son regard un peu perdu, avant de continuer : “L’univers chercherait toujours un équilibre. Et un jour, il tenterait de nous « corriger ». Certains parlent d’êtres supérieurs, d’autres de prophéties. Moi, je sais juste une chose : je suis bien là, avec vous. Et même si ce qui nous entoure peut être fascinant… Je suis heureuse de vous avoir rencontrés.”

Le groupe resta silencieux un instant, touché par les mots d’IlyHeleyia, les yeux brillants, se leva brusquement et se jeta dans ses bras.

“On est tous heureux de t’avoir rencontrée aussi” murmura-t-elle et ajouta : “et de nous être rencontrés.”

Ils finirent leur soirée à parler de leurs aventures récentes, de ces moments qui avaient peu à peu solidifié leurs liens. Les rires revinrent, chassant les pensées sombres, et cette nuit-là, sous un ciel étoilé, leur amitié sembla plus forte que jamais.

Le lendemain matin, ils furent réveillés en sursaut par un vacarme assourdissant. Au milieu de leur campement, un paysan, visiblement furieux, gesticulait et criait à pleins poumons : “Bande de petits voyous ! Vous n’avez pas vu le panneau à l’entrée de ma clairière ? C’est privé ici, alors dégagez sur-le-champ !”

La situation semblait sur le point de dégénérer. Dred sortit précipitamment de sa tente, encore mal réveillé mais en alerte, redoutant que Corim ne s’en mêle avec sa manière… brutale de résoudre les conflits.

Dred s’avança rapidement vers le paysan, posant une main apaisante et adoptant un ton désolé : “Je suis sincèrement désolé, monsieur. Nous ne savions pas que cette clairière était privée. Nous allons plier bagage immédiatement.”

Mais l’homme, rouge de colère, répliqua en pointant un doigt accusateur : “Dépêchez-vous, ou je préviens les gardes d’Imperea ! Et croyez-moi, ils ne seront pas aussi conciliants que moi.”

Dred, conscient qu’il devait apaiser la situation, plongea une main dans sa besace et tendit discrètement une petite bourse au paysan. “Prenez ceci” dit-il d’un ton humble. Puis ajouta : “C’est pour vous, en guise de compensation. Nous étions exténués après une longue marche, et si nous avions su, nous aurions demandé votre permission avant de nous installer ici.”

Le paysan ouvrit la bourse et ses yeux s’agrandirent en découvrant 86 cecetairzes. L’argent sembla calmer sa colère instantanément. Il rangea la bourse dans sa poche, puis, tout en soupirant, il répondit d’un ton plus posé : “Très bien. Mais la prochaine fois, demandez avant de vous installer comme ça. Et ne traînez pas trop pour partir, d’accord ?”

Dred hocha la tête avec gratitude et s’excusa à nouveau, assurant à l’homme qu’ils plieraient leur campement dans l’heure. Une fois le paysan parti, Corim, qui avait observé toute la scène en silence, s’approcha de Dred avec un sourire narquois : “Tu sais que tu es trop gentil, hein ? Moi, je lui aurais montré ce que ça fait de hurler sur des voyageurs fatigués.”

Dred soupira, un sourire en coin : ”Et c’est bien pour ça que je suis intervenu avant que tu ne le fasses. Allez, on remballe tout, on a une ville à rejoindre.

Quelques heures plus tard, après avoir repris la route, ils arrivèrent enfin à Lenn Smeralda.

La ville, nichée aux abord d’un lac aux eaux cristallines, semblait tout droit sortie d’un rêve. Son charme résidait dans sa simplicité. Les maisons, construites en pierre claire, étaient ornées de fleurs suspendues aux fenêtres, ajoutant des touches de couleurs éclatantes à chaque rue. L’architecture de Lenn Smeralda était étonnamment ordonnée : toutes les rues s’alignaient avec une précision presque mathématique, formant un quadrillage parfait. D’un bout à l’autre de la ville, on pouvait presque apercevoir ses frontières, tant les ruelles étaient droites et dégagées.

Le groupe s’arrêta un moment pour admirer le lac qui brillait sous le soleil de l’après-midi. L’eau scintillait comme si elle était parsemée de diamants. Ily, qui regardait le paysage avec des étoiles dans les yeux, murmura : “C’est magnifique…”

Lion, les bras croisés, ajouta avec un sourire : “Ouais”

Dred haussa les épaules, un léger sourire sur les lèvres : “Allez, ne traînons pas. On a sûrement beaucoup à découvrir ici.”

Ils s’engouffrèrent alors dans les rues impeccablement alignées, impatients de voir ce que Lenn Smeralda avait à leur offrir.

Dred et ses amis, émerveillés par l’atmosphère paisible de Lenn Smeralda, décidèrent de faire un tour pour repérer les lieux. Leur objectif principal : trouver de quoi calmer leur faim après une longue marche.

Alors qu’ils déambulaient dans les rues, bercés par l’odeur des fleurs accrochées aux fenêtres et le son des rires d’enfants jouant dans les ruelles, ils tombèrent sur un petit stand de crêpes installé à l’ombre d’un grand chêne. La bonne humeur du vendeur, un homme trapu au sourire généreux, les attira immédiatement.

“Une crêpe pour chacun ?” demanda-t-il d’une voix enjouée. Et ajouta “Vous avez l’air d’en avoir besoin !”

Le groupe accepta sans hésiter, et en quelques instants, ils se retrouvèrent chacun avec une crêpe chaude entre les mains. Le parfum sucré des crêpes fraîchement préparées éveilla leur appétit, et un silence gourmand s’installa pendant qu’ils dégustaient cette douceur inattendue.

Alors qu’ils savouraient ce moment simple mais agréable, Lion leva brusquement la tête. Ses yeux s’illuminèrent en apercevant une silhouette familière à quelques pas de là. Sans hésiter, il fit de grands signes en direction de l’homme pour attirer son attention.

L’homme, intrigué, se rapprocha, et un large sourire se dessina sur son visage lorsqu’il reconnut Lion.

“Par tous les dieux, Lion !” s’exclama-t-il en tendant une main robuste. Il ajouta avec un sourire infini : “Ça fait une éternité !”

Cet homme, c’était Branked, un ancien compagnon d’armes de Lion. Branked était un homme massif, le visage marqué par des cicatrices témoignant d’une vie de batailles. Mais son regard, chaleureux et franc.

Lion se leva pour serrer chaleureusement la main de Branked, puis se rassit en invitant l’homme à s’installer à la table. Ils entamèrent une conversation animée, évoquant les souvenirs de leurs campagnes passées et les aventures qu’ils avaient vécues ensemble.

“Alors, qu’est-ce que j’ai manqué dans ta vie, vieux frère ?” demanda Branked, son ton mélangeant curiosité et nostalgie.

Lion rit doucement avant de répondre : “Oh, tu sais, les mêmes galères, mais avec un peu plus de compagnie cette fois-ci.” Tout en désignant Dred et le reste du groupe. Puis il lui retourna la question : “Et toi ? Tu sembles bien installé ici.”

Branked hocha la tête en souriant, il dit : “Ouai, Lenn Smeralda est devenue ma maison. C’est pas si simple, mais on peu dire ça. Et ici c’est calme, loin des conflits, et parfait pour quelqu’un comme moi qui cherche à se poser un peu. Mais je te dirai une chose : tu ne resteras pas longtemps ici sans entendre parler de certaines… histoires.”

Lion fronça légèrement les sourcils, intrigué, mais Branked changea rapidement de sujet, préférant profiter de ces retrouvailles inattendues pour discuter d’histoires plus légères.

Pendant ce temps, Dred et les autres continuaient à savourer leur crêpe, amusés par la complicité évidente entre Lion et son ancien camarade. L’atmosphère était détendue.

Après cette charmante discussion, Lion expliqua à son ami qu’ils devaient reprendre la route pour chercher un artefact qui, selon leurs informations, se trouverait dans cette ville. Branked, après une brève description de l’objet, fronça les sourcils, réfléchit un instant, puis déclara : « Je pense savoir où il est. Je vais vous accompagner. »

Tous le suivirent sans se poser de question.

Ils arrivèrent devant l’un des plus beaux bâtiments de Lenn Smeralda, une grande demeure ornée de sculptures élégantes et de détails d’une finesse impressionnante. Les colonnes massives encadraient une porte en bois sombre, gravée de motifs complexes. Branked tapa fermement à la porte.

Un majordome à l’air sévère ouvrit et lança d’une voix calme : « Bonjour, monsieur. Que puis-je pour vous ? »

Branked répondit sans détour : « Je viens voir Bouise. C’est important et urgent. »

L’homme observa Branked un instant, puis scruta Dred et ses compagnons avant de demander : « Ces gens sont avec vous, monsieur Branked ? » D’un signe de tête, Branked confirma. Puis il ajouta : « Très bien, entrez. Attendez ici, je vais prévenir de votre venue. »

Le majordome les invita à entrer dans le hall. À l’intérieur, le groupe fut saisi par l’opulence des lieux. Les murs étaient couverts de dorures, les lustres scintillaient comme mille étoiles, et les tapis semblaient si précieux qu’on hésitait à poser le pied dessus. C’était une démonstration évidente de richesse et de pouvoir.

Après quelques instants, une femme entra dans la pièce. Son élégance et son allure imposante captèrent immédiatement l’attention de tous. Elle portait une robe finement travaillée, et son sourire, mi-amusé, mi-mystérieux, témoignait d’une assurance à toute épreuve.

« Salut, Branked, » dit-elle d’une voix douce mais ferme. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »

Branked, fidèle à lui-même, ne passa pas par quatre chemins. Il tendit une feuille décrivant succinctement l’artefact recherché. « Mes amis cherchent ceci. »

Bouise plissa légèrement les yeux en observant le papier, puis, relevant la tête, répondit avec un sourire en coin : « Si, éventuellement, je l’avais en ma possession… qu’est-ce que ces messieurs-dames auraient à dire pour m’en convaincre ? »

Dred fit un pas en avant, prêt à répondre, mais Branked leva la main pour l’arrêter, le foudroyant du regard. Dred recula instinctivement, comprenant qu’il valait mieux le laisser gérer.

Branked reprit la parole, son ton mesuré mais ferme : « Si Madame l’avait, quel serait le prix pour que nous puissions le récupérer ? »

Bouise éclata d’un rire léger, presque moqueur, avant de répondre : « Si je l’avais, je dirais… 50 000 cecetairzes. »

Dred fronça les sourcils, un sourire malicieux se dessinant sur son visage. Il répondit calmement : « 5 000, et on en parle plus. »

Bouise le fixa, visiblement amusée, avant de répondre d’un ton sarcastique : « Dix fois moins ? Tu es qui, petit ? »

Dred, loin de se démonter, s’avança légèrement, un sourire assuré aux lèvres. « Enchanté, je suis Dred. Et vous avez tout d’une femme avisée. Voyez-vous, 50 000 cecetairzes, c’est une belle somme pour le commun des mortels. Mais pour vous, ce n’est rien de plus que de l’argent de poche. »

Il fit une pause, observant la réaction de Bouise, puis continua avec un sourire en coin : « Et puis, entre nous, ce vulgaire caillou ne doit pas vous être d’une grande utilité. Sinon, nous n’aurions pas cette discussion, n’est-ce pas ? »

Bouise arqua un sourcil, intriguée. Dred sortit alors une pierre rouge de sa poche, dont les reflets semblaient danser à la lumière. « Regardez ça. Elle vient d’une grotte devenue inaccessible. Je suis prêt à l’ajouter à mon offre… si Madame trouve cela intéressant. »

Bouise contempla la pierre, jouant avec son collier en silence. Après quelques secondes de réflexion, elle claqua des doigts. « D’accord. On a un deal. »

Un serviteur apparut et disparut rapidement, pour revenir avec un objet soigneusement emballé. Bouise tendit l’artefact à Dred avec un sourire amusé. « Voilà. Nous sommes d’accord alors ? »

Dred hocha la tête, lui tendant le du en retour, ravi. Il lui dit avec un grand sourire : « Parfait. Merci beaucoup. »

Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la demeure, Bouise les arrêta d’une voix légèrement moqueuse : « J’en attendais énormément de cet artefact. Mais vous savez quoi ? Il n’a aucun pouvoir. »

Un éclat de rire retentit derrière eux alors que la porte se refermait.

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